Lady Mahia et Oocalme Corporation

Publié le par Béatrice Hermesdorf

Il n’est pas facile de se séparer, douloureux de se diviser, nécessaire parfois de s’éloigner alors qu’il est si grisant de s’étourdir ensemble en respectant un rythme binaire : sauter ensemble, se poser ensemble. Si seulement on pouvait rester « plancké » bien à l’abri dans son unité, joli groupe de jauge protégé dans son champ, sans aucun regard indiscret. Mais voilà, à force de tournicoter en cadence, l’atmosphère se réchauffe : expansion, dilatation, séparation, le rythme se brise. Pourtant, nul besoin de hurler de désespoir car ce sont ces grosses perturbations qui vont donner naissance à l’espérance et aux interactions fondamentales. L’énergie augmente, les forces se rapprochent, l’attraction des corps devient possible alors que se crée l’effet de masse. Mais tout est sombre. Il ne fut pas si simple d’allumer la lumière. Ni celle de l’univers, ni celle des hommes. C’est que l’on se tient bien chaud, en rang serré, au fond de la caverne. Voir n’est pas donner à tout le monde : dans un théâtre d’ombres, les illusions rassurent.

Mais même du fin fond de l’univers la lumière perce, l’incandescence des filaments lumineux chatouille nos rétines. Et comme chacun sait, il faut voir pour penser. Les constellations d’êtres humains se divisent, se séparent, s’éloignent, se déchirent parfois alors qu’elles n’aiment rien de moins que de s’étourdir et se griser ensemble en se balançant dans l’obscurité sur un rythme binaire. Les oies aussi aiment marcher en cadence. Nous oublions souvent qu’il existe des liens qui libèrent comme des liens qui oppressent, des cadres structurants et des chaînes invisibles.

L’univers est immense alors que nous sommes tout petits: les combats ne se gagnent qu’ensemble, les grandes joies ne se fêtent qu’ensemble, mais il nous faut quitter père et mère pour aller vers nous même. Toujours tiraillé entre le besoin d’inclusion et le rêve de distinction, le fantasme de l’unité et le désir de singularité, l’homme jette les yeux rageurs vers le ciel espérant lui commander. Il lui suffirait pourtant de se battre pour une jolie vie ici bas, en apprenant à partager labeur et bonheur et à dire non quand les carcans deviennent trop serrés.

 

http://www.ateliers-agora.fr/expositiondeux-jeunes-talents-sexpriment/

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