El toro

Publié le par Béatrice Hermesdorf

Il est assis, les yeux surplombant à peine le sommet des herbes hautes. Il doit traverser la plaine, marcher au-delà pour découvrir ce qui se cache plus loin, se cogner aux limites du monde. Éclaireur, il doit ouvrir la voie. Le clan attend pour se mettre en marche. L’homme, silencieux, inquiet, observe le grand lac vert parsemé d’un peu de touffes rousses qui s’étend à perte de vue. Il est traversé de troupeaux paisibles qui paissent tranquillement, se mouvant de manière nonchalante. Mais l’éclaireur sait que plus il se rapprochera des bêtes et plus elles deviendront terrifiantes car massives et puissantes, elles chargent l’ennemie avec détermination. Elles ne sont pas méchantes, elles sont sauvages mais le clan veut passer. Elles défendent chèrement et avec force la vie qui est la leur. Mais le veilleur doit trouver un moyen de traverser la plaine, malgré la fascination et l’admiration qu’il a pour le taureau. Il sait que bien qu’imposants, ces majestueux ruminants fuient à l’approche du danger. Les hommes du clan seront donc le danger. Ils vont effrayer le troupeau afin que celui se disperse au galop, loin devant, laissant le passage aux hommes qui pourront ainsi traverser l’autre rive.

Les hommes se sont élancés, les bêtes ont fui. Le clan a commencé sa traversé de la plaine. L’éclaireur, toujours devant, reste sur ses gardes, suivi par le reste du groupe qui marche désormais d’un pas assuré. Lorsque l’éclaireur se fige.

Face à lui, une bête lui barre la route. Elle est là, terrifiante, ses grands yeux saillants observant avec vivacité celui qui l’effrayait tout à l’heure. L’homme s’élance : il incurve sa course, danse avec le maître de la plaine alors qu’il n’a qu’une lance, il sait qu’il n’a qu’une chance. L’homme et la bête danse un tango de passion et d’effroi et suivent à la lettre une chorégraphie rassurante pour oser aller de l’avant. Ils se défendent avec courage l’un l’autre. L’éclaireur dompte sa peur, utilise sa ruse et son intelligence et s’élance. La corne lisse a touché le flanc mais la lance est maintenant plantée dans le cou. Le clan va pouvoir continuer son voyage. L’éclaireur a montré la voie : ils savent maintenant que seuls ceux qui n’ont pas peur de mourir auront la chance de vivre.

http://www.ateliers-agora.fr/exposition-des-hommes-et-des-taureaux-du-18-juin-au-6-juillet-2019/

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